Commandes artistiques et citoyennes
Quels sont les miracles du 21ème siècle ?
2018-en cours
Une commande artistique d’un groupe d’habitant·es, La Bastide Clairence (64) dans le cadre d’une action Nouveaux commanditaires
Stéphane Thidet
À la source
PRODUCTION & MÉDIATION
ASSOCIATION POINTDEFUITE
LA MAISON
Les Nouveaux commanditaires
La petite chapelle de Clairence, de style néo-gothique (1886), surplombe le village de La Bastide Clairence. Sous la chapelle, une source miraculeuse remonte au 13ème siècle. Son eau aurait soigné les maladies de peau et des yeux. La chapelle n’est pas sacralisée même si elle a accueilli dans le passé des pèlerinages, mi païen-mi religieux, interdits vers 1960 par le curé de l’époque. Aujourd’hui, la source est condamnée.
Fin septembre 2018, à l’occasion de Larrazkenean – manifestation automnale – l’association Clarenza présente Les merveilleuses, une résidence artistique réunissant cinq chanteuses de différents horizons avec pour objectif d’inventer un répertoire de chants pour cet endroit.
Fort de cette dynamique, l’équipe de Clarenza contacte les Nouveaux commanditaires avec pour idée initiale de valoriser le site de la Chapelle et d’imaginer un espace d’écoute autour des chants métissés, face au paysage du Pays Basque. Un premier groupe de commanditaires, constitué d’habitant·es du village, se forme.
S’appuyant sur l’histoire de la chapelle à travers des documents d’archives et sur une exploration de la crypte, les commanditaires retrouvent le circuit de l’eau sous la chapelle. Ils et elles renouent également avec ceux qui avaient restauré l’édifice pour le faire revivre au début de ce siècle. Ensemble, ils·elles expriment leur souhait d’inviter un artiste à mettre en valeur ce site cher au cœur des villageois·es.
Stéphane Thidet
Stéphane Thidet vit et travaille à Paris.
À la fois sombre et émerveillé, le monde de Stéphane Thidet offre des visions distordues de la réalité. Ses œuvres suggèrent un ailleurs, une fiction non accessible mais perceptible, qui confronte le spectateur à un nouvel « état des choses ». Souvent liées à l’enfance ou au divertissement, elles dévoilent une certaine perte d’innocence, une inquiétude, qui, par l’état de tension permanent qu’elles supposent, provoquent une agitation, un tumulte intérieur fécond. Les choses et les situations se soustraient à un usage habituel du monde au profit d’une réalité hybride, qui installe un jeu de lectures croisées.
L'œuvre
Stéphane Thidet envisage son intervention dans le respect de l’architecture. Il souhaite révéler la présence vivante, scintillante, sonore et lumineuse de l’eau. L’œuvre « À la source » propose une expérience sensible dans ce lieu propice au repos, à la contemplation, au spirituel, à l’écoute, à la rêverie. Un rapprochement entre l’homme et la nature pour penser l’avenir.
« Outre la singularité, la situation ainsi que la spécificité architecturale de la Chapelle de Clairence, c’est la présence de la source miraculeuse qui a attiré mon attention lors de ma première visite.
Pour être plus précis, c’est la recherche de cette source qui m’a marqué. Essayer de voir, de sentir et d’entendre cette eau pleine de promesses.
À l’écoute des commanditaires, plusieurs notions ont dirigées ma recherche : travailler dans le respect de cette architecture, son histoire et sa précédente restauration. Ne pas orienter religieusement, ni contre toutes formes de religions. Laisser la place à la contemplation, et ne pas dénaturer le bâtiment. Garder la possibilité d’utiliser la chapelle pour différents types de manifestations culturelles. Mettre en valeur la présence de la source. »
Stéphane Tidet
L’installation pensée par l’artiste prend la forme d’un rideau de pluie se déployant dans l’alcôve principale de la chapelle et recueilli par un bassin. Par un jeu de lumière simple, les reflets de l’eau viennent éclairer les murs intérieurs de la chapelle de leurs ondulations. La dimension sonore de l’œuvre est importante, le bruit de l’eau – constant, doux, apaisant – remplissant tout l’espace.