L’association des commerçant·es d’Excideuil souhaite impulser un nouveau dynamisme à ce village de Dordogne et réfléchir à l’image que renvoie la commune. Rassemblé·es au sein de l’Association Excit’œil, les commanditaires collectent toutes les informations jugées indispensables pour une bonne diffusion de l’identité de leur village : évènements festifs, sportifs, culturels, commerciaux. 

Deux types de support – l’un de petit format pour une distribution aisée à tout·e promeneur·euse, l’autre de grand format destiné aux grands axes de circulation – leur semblent nécessaires. Leur réflexion aboutit à l’importance de trouver une forme originale pour ces supports, loin des propositions médiatiques usuelles. Demander à un·e artiste de concevoir un portrait de la commune à même d’être diffusé s’impose.

Né en 1955, Jean Luc Moulène vit et travaille à Paris depuis 1975. 

Artiste pluridisciplinaire, son travail propose une nouvelle pédagogie de l’image à la fois politique et poétique. Il situe sa pratique entre Beaux-Arts, texte et médias, jouant avec les genres classiques et les formes standards. Son œuvre photographique est la plus connue. Il prend chaque fois en compte de manière critique les conditions de production des images, leurs présences plastiques autant que leurs usages pour inventer ou créer de nouvelles situations. 

Jean-Luc Moulène accumule patiemment une œuvre qui, au-delà de sa diversité, exprime tout à la fois une réflexion permanente sur la condition de l’artiste dans la société, une critique radicale à l’encontre des manipulations et des séductions de la représentation et une recherche formelle souvent non dénuée d’humour ou de dérision.

Jean-Luc Moulène avait déjà, en 1997, conçu une campagne de communication pour la Documenta, Manifestation Internationale d’Art Contemporain, en investissant visuellement plusieurs supports (magazines, panneaux publicitaires…). La commande pour Excideuil l’intéresse donc d’emblée :

« J’ai proposé un bottin parce que c’est un médium destiné à l’ensemble de la population, qu’il est d’usage quotidien et qu’il tente par un classement exhaustif tant des personnes que des fonctions, de répondre à des demandes très diverses ». 

Si, au départ, son projet semble aux commanditaires trop éloignés de leur réalité, trop « abstrait », l’artiste réussit peu à peu à les convaincre. La capture d’instants de vie qui suggèrent, plus qu’ils ne montrent, l’activité de la commune donne une dimension poétique aux images qui finissent par toucher les habitant·es. 

Une année s’écoule avant que Les pages images ne soient acceptées par tou·tes comme représentation du village. Finalement, cent images sont sélectionnées et l’artiste abandonne ses droits aux commanditaires afin qu’ils·elles puissent ainsi les utiliser librement et de multiples façons. Évolutive, l’œuvre engendre divers évènements. Quatre images sont choisies par France Télécom pour réaliser un ensemble de 200 000 mobi-cartes collectors mises en vente publique. D’autres images sont également sélectionnées pour élargir le mode de diffusion : cartes postales, affiches, programmes de cinéma etc. Le portrait d’Excideuil s’incarne à travers les supports les plus variés de notre société de communication, ainsi chargés d’une inhabituelle dimension lyrique.

Jean-Luc Moulène, Les Pages Images, Éditions Jean-Michel Place, Paris, 2000
15 euros
Disponible sur demande : machambost@pointdefuite.eu

Livret de la commande

Abécéd’Excideuil : Méthode pour un art public à la campagne, Anne Luthaud et Pierre Marsaa, Éditions Sujet/Objet, 2004