Commandes artistiques et citoyennes
Comment passer la frontière ?
2013-2015
Une commande artistique de la Maison des Femmes du Hédas, Pau (64) dans le cadre d’une action Nouveaux commanditaires
Bertille Bak
Figures imposées
2015
PRODUCTION & MÉDIATION
ASSOCIATION POINTDEFUITE
SCRIPT
PARTENARIATS & SOUTIENS
La Fondation de France, Région Nouvelle Aquitaine, DRAC Nouvelle-Aquitaine, Fondation Daniel & Nina Carasso
Les Nouveaux commanditaires
Depuis les années 1980, la Maison du Hédas, à Pau, accueille des femmes de toutes nationalités. Pour ses fondatrices, c’est un lieu d’échanges et de partages ayant pour objectifs le vivre ensemble et le combat contre les formes de discrimination, de violence, d’exclusion et de racisme.
Des ateliers artistiques et des ateliers d’apprentissage du français, menés en partenariat avec les acteur·ices culturel·les palois·es, sont régulièrement organisés.
En 2013, parce qu’elles ont envie de poser un nouveau regard sur leurs actions, les femmes de la Maison du Hédas sollicitent l’association Pointdefuite afin de se lancer dans un processus de commande avec un·e artiste.
Bertille Bak
Bertille Bak est née en 1983 à Arras. Pratiquant une longue immersion au sein des groupes avec lesquels elle travaille, Bertille Bak appartient à cette génération d’artistes qui impliquent des individus extérieurs au champ de l’art.
Diplômée de l’Ecole des Beaux-Arts de Paris et après un passage par l’école du Fresnoy, elle élabore des films situés à la frontière de la fiction et du documentaire. Depuis les corons du Nord (Faire le mur, 2008) aux marins de Saint-Nazaire (Le Tour de Babel, 2014), en passant par les Tsiganes d’Ivry-sur- Seine (Transports à dos d’homme, 2012), à chaque fois, l’artiste sait s’immiscer dans des milieux variés. Par la suite, au terme d’un long dialogue, elle invente avec ses interlocuteur·ices des films, parfois des objets revisités, détournés et produits à partir des gestes traditionnels du groupe.
Le propos de Bertille Bak tient dans un subtil regard sur les coutumes, voire les rituels, qu’elle observe sur le terrain, détourne ou met en scène. S’y ajoute une dimension documentaire qui ne cherche pas à décrire mais à signifier la réalité. Sensible aux contextes sociaux fragilisés, elle recense et archive les traces et témoignages des populations qu’elle rencontre. Son œuvre opère dans le champ de l’intime et du collectif, parfois avec humour, attestant d’un profond engagement humaniste.
L'œuvre
À Pau, Bertille Bak passe de nombreux moments avec les femmes de la Maison du Hédas. Au fur et à mesure des échanges et des rencontres, l’artiste comprend que la présence, en France, de toutes ces femmes d’origines différentes répond à quelques invariants : nécessité de traverser les frontières, recours à un passeur et parfois mariage arrangé.
Sur un ton décalé, l’artiste décide de mettre en scène de possibles préparations à l’exil sous forme d’un entraînement physique fictif, les femmes y jouant leurs propres rôles. Elles font mine de s’infiltrer dans un avion, de se cacher dans un camion, de se faire petite afin de pouvoir tenir dans le coffre d’une voiture. Elles se faufilent dans les champs ou marchent sous l’eau avec des boules de pétanque dans les mains.
L’artiste perçoit et révèle une réalité. Cette réalité dans laquelle, aujourd’hui, survivre au voyage dans les espaces clandestins et les interstices des moyens de transports par voies terrestre, maritime ou aérienne demanderait une préparation digne d’un parcours du combattant.
Filmé dans le camp de Gurs, en Béarn, construit en 1939 pour accueillir des Républicains fuyant l’Espagne, l’entraînement tourne à l’absurde au fil des séquences faisant ainsi prendre à ces corps lourds et maladroits un tout autre sens. Les histoires de ces femmes, parfois douloureuses, se voient transcendées à travers ces actes de poésie commune.
Le film d’une durée de 16 minutes et intitulé Figures imposées, est présenté dans différents festivals et expositions depuis 2015, dont :
– Biennale d’Art Contemporain de Lyon, 2015
– Musée d’Aquitaine, Bordeaux, 2017
– Le Cyclop, Milly-la-Forêt, 2017
Ressources
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