Commandes artistiques et citoyennes
Comment arrêter le regard ?
2013 (commande arrêtée en phase étude)
Une commande artistique d’habitant·es du Cours de l’Argonne, Bordeaux (33), dans le cadre d’une action Nouveaux commanditaires
Felice Varini
Arc de ciel, arc de terre
PRODUCTION & MÉDIATION
ASSOCIATION POINTDEFUITE
AGENCE EVA ALBARRAN
PARTENARIATS & SOUTIENS
Fondation de France, Région Nouvelle Aquitaine, Fondation Daniel & Nina Carasso, Ville de Bordeaux
Les Nouveaux commanditaires
Sur le cours de l’Argonne à Bordeaux, la plupart des commerces de proximité ont disparu, laissant apparaître un paysage de boutiques à l’abandon en plein centre-ville et transformant cette rue en couloir de passage traversé par le tramway. Ce quartier, fortement estudiantin et où de plus en plus de familles avec enfants s’installent, présente une grande mixité sociale mais peine à trouver une lisibilité identitaire.
En 2013, un groupe de propriétaires, uni·es par une même volonté de valoriser le quartier, souhaitent créer du lien à travers la création d’une œuvre ambitieuse replaçant l’art au cœur de la ville.
En faisant appel à l’artiste Felice Varini, les commanditaires souhaitent arrêter le mouvement du cours de l’Argonne en le décomposant, le fragmentant. Que l’œuvre puisse inviter passant·es, habitant·es, visiteur·euses à s’arrêter sur le cours, à le regarder d’un point de vue précis, celui de la Place de la Victoire.
Felice Varini
Felice Varini est né en 1952 en Suisse, il vit et travaille à Paris.
Le médium de Felice Varini est l’espace et son sujet est la construction de points de vue. Élaborées depuis la toute fin des années 1970, ses œuvres géométriques se déploient à l’échelle d’architectures et défient de leur monumentalité la ville et l’urbanisme. Partant d’une composition réalisée préalablement sur photographie, Felice Varini projette ses grands dessins bi-dimensionnels sur les reliefs du site, exploitant les principes de l’anamorphose dans des dimensions monumentales. Le·la spectateur·ice se voit proposer une expérience optique basée sur la recherche du point de vue unique, dévoilant le dessin parfait : damiers, cercles concentriques, etc. Positionné ailleurs dans l’espace, le·la visiteur·euse ne perçoit qu’un désordre de lignes courbes à l’aspect chaotique et fragmenté, d’un caractère extrêmement dynamique.
L'œuvre
Le projet de Felice Varini consiste à faire découvrir aux passant·es, depuis la Place de la Victoire, l’œuvre Arc de ciel, arc de terre, une peinture monumentale se déployant sur les murs, les sols et les toits du Cours de l’Argonne. Par cette proposition, l’artiste poursuit une démarche développée depuis plusieurs années autour de l’anamorphose :
« L’espace architectural, et tout ce qui le constitue, est mon terrain d’action. J’interviens in-situ dans un lieu chaque fois différent et mon travail évolue en relation aux espaces que je suis amené à rencontrer. En général, je parcours le lieu en relevant son architecture, ses matériaux, son histoire et sa fonction. À partir de ses différentes données spatiales, je définis un point de vue autour duquel mon intervention prend forme. J’appelle point de vue un point de l’espace que je choisis avec précision. Le choix est souvent arbitraire. Le point de vue va fonctionner comme un point de lecture, c’est à dire comme un point de départ possible à l’approche de la peinture et de l’espace. La forme peinte est cohérente quand le·la spectateur·ice se trouve au point de vue. Lorsque l’on sort du point de vue, le travail rencontre l’espace qui engendre une infinité de points de vue sur la forme. »
Cependant, cette commande est restée en phase d’étude. Les autorisations des propriétaires concerné·es (application de peinture sur une partie de leur façade), nécessaires afin de réaliser de l’œuvre, n’ont pas pu être recueillies en totalité. De nombreuses réunions de médiation ont été organisées à destination des propriétaires des immeubles qui n’ont pas forcément saisi l’intérêt d’un tel projet dans l’espace public. Du fait aussi de fréquents changements de locataires sur le cours de l’Argonne, il est apparu parfois difficile de sensibiliser les habitant·es à cette démarche artistique. D’un commun accord avec les commanditaires, le projet a alors été suspendu.